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Récapitulons, tu as planifié et préparé ton évaluation des risques à l’étape 1 puis identifier les dangers et les risques à l’étape 2. Comme je l’ai déjà dit, mais je ne le répèterai jamais assez, il faut donner vie à cette évaluation des risques en mettant en œuvre des actions (qui feront l’objet de la dernière étape). Et là, tu te dis : “je dois déterminer des actions pour chaque risque identifié” ? Mais non, rassure-toi. C’est l’un des intérêts de hiérarchiser tes risques.
La hiérarchisation des risques vise, en effet, deux objectifs :
- identifier les risques qui feront l’objet d’action de prévention,
- aider à la planification de ces actions selon leur priorité.
Pour réaliser ce classement, on va utiliser une matrice des risques. Il n’y a pas de cadre obligatoire, ainsi, certains utiliseront deux critères tels que la fréquence et la gravité, d’autres intégreront également l'exposition, la probabilité ou encore la maîtrise. Personnellement, je préfère utiliser les trois critères suivants :
La multiplication de ces trois critères nous permettra d'obtenir une criticité du risque. On pourra alors déterminer plusieurs niveaux de risques et ainsi hiérarchiser nos risques.
La probabilité
Comme je l’ai évoqué dans un article précédent dédié aux notions de danger, risque et dommage (lien vers l’article), la probabilité est l’une des composantes du risque. En effet, celui-ci se définit en partie comme la probabilité :
a. qu’une personne subisse un dommage suite à une exposition d’une durée ou d’une fréquence suffisante pour causer un dommage,
b. d’apparition d’une situation dangereuse (lié au critère “maîtrise”).
Les avantages d’utiliser ce critère de probabilité est qu’il englobe les notions de fréquence et de durée d’exposition. Cela permet d’être complet sans multiplier le nombre de critères de cotation et ainsi faciliter la réalisation et la lecture de l'évaluation.
La notion d’apparition d’une situation dangereuse sera traitée avec le critère “maîtrise”. La probabilité s’estime donc sans prendre en compte les mesures de prévention existantes.
Pour faciliter la notation, le nombre de niveaux ne doit pas être trop important. Personnellement, sur l’ensemble des critères (probabilité, gravité et maîtrise), j’utilise une échelle à quatre niveaux.
1
Improbable
Les causes ou circonstances de risque ne se sont jamais produites. Il y a très peu de risque que cela se produise
OU
maximum 1 fois par an
Peu probable
Les causes ou circonstances de risque se présenteront rarement.
OU
maximum 1 fois par semestre
3
Probable
Les causes ou circonstances de risque se produisent occasionnellement.
OU
maximum 1 fois par mois
4
Très probable
Les causes ou circonstances de risque se produisent régulièrement ou de manière certaine.
OU
plus d’une fois par mois
La gravité
La gravité est la deuxième composante du risque. On va parler ici de gravité du dommage sur le membre de ton équipe victime de ce risque.
Les dommages sont extrêmement variés et leur gravité également. Disons que ça peut aller de la coupure avec une feuille de papier jusqu'au décès. Il n’est donc pas toujours évident d’estimer la gravité potentielle.
Cependant, pour une cotation efficace, je me base sur des éléments factuels : arrêt de travail ou non, incapacité permanente partielle (IPP) ou non. Ainsi, j’en arrive à une échelle à quatre niveaux.
1
Mineure
Accident ou maladie sans arrêt de travail
Modéré
Accident ou maladie avec arrêt de travail, sans IPP
3
Majeur
Accident ou maladie avec arrêt travail, avec IPP
4
Critique
Accident ou maladie mortelle
En multipliant la probabilité avec la gravité, nous obtenons le Risque Brut.
Cependant, se limiter à ces deux éléments ne permettrait pas de prendre en compte l’efficacité (ou non) des actions de prévention mises en œuvre. C’est pour cela qu’on va utiliser un dernier critère : la maîtrise.
La maîtrise
La maîtrise comprend les actions (ou mesures) de prévention que tu as déjà mis en place pour réduire ou supprimer la probabilité d’apparition d’une situation dangereuse et donc les dommages éventuels pour tes équipes.
Pour cadrer ta réflexion sur les mesures déjà en place, tu peux utiliser la méthode OTH (Organisation, Technique, Humain) ou 5M (Milieu, Matériaux, Main d’œuvre, Matériel, Méthode) par exemple.
Partant du principe que la maîtrise est là pour réduire le risque brut et non l’inverse, je vais utiliser des valeurs comprises entre 0 et 1. Encore une fois, je vais utiliser une échelle à quatre niveaux.
0,01
Complète
Des mesures très efficaces sont en place. Rien ne peut être fait pour nous améliorer à date.
Efficace
Prévention efficace
Des mesures appropriées sont en place, mais elles pourraient être encore améliorées.
0,5
Limitée
Prévention limitée
Des mesures sont en place, mais elles sont insuffisantes.
1
Inexistante
Prévention inexistante
Aucune mesure n’est en place ou elles sont inefficaces.
C’est le risque une fois que tu as pris en compte les mesures de prévention déjà en place. Il se calcule donc ainsi :
Tu vas maintenant catégoriser tes risques selon le résultat obtenu, leur criticité. Si on reprend mes exemples de cotation précédents, voilà ce que pourrait donner la matrice d’évaluation des risques.
≤ 1
Faible
Risque mineur ne nécessitant pas d’action particulière.
À surveiller
Risque qui pourrait accroître à court ou moyen terme en cas de défaillance des mesures de prévention existantes.
4< R ≤ 8
Important
Risque ayant des effets importants sur la santé des collaborateurs. Des actions de prévention sont nécessaires.
> 8
Préoccupant
Risque aux effets dramatiques sur la santé des collaborateurs. Risque à traiter dans les plus brefs délais par la mise en place d’actions de prévention.
Grâce à cette matrice, tu es désormais en mesure de hiérarchiser tes risques et d’identifier ceux sur lesquels tu dois concentrer tes efforts et tes ressources.
Et maintenant ?
Les actions de prévention
Découvre comment identifier et planifier des actions de prévention efficaces pour faire vivre ta démarche de prévention des risques